La saison de ski 2024-2025 approche et les athlètes sont au bout de
leurs préparations respectives. C’est dans ce contexte que nous avons échangé
avec Arnaud Boisset, jeune romand
de l’équipe nationale de ski alpin. Le skieur bagnard nous a accordé quelques instants
en lien avec son passé, son développement et son avenir.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Arnaud Boisset, je suis né à Martigny et ai commencé le
ski dans le Val de Bagnes, sur les pistes de Bruson. Au début, le ski, c’était
le fun et vraiment un passe-temps que j’avais avec ma famille et mes amis. Au
fur et à mesure, cela est devenu de plus en plus professionnel, avec mon
arrivée au CNP Ouest, le Centre national de Performances de Brigue (ndlr :
Les CNP ou NLZ sont gérés par région, soit centre,
est et ouest. Il est le niveau intermédiaire entre l’association régionale
(ski-club) et le cadre C de Swiss-Ski).
Mon entrée à Swiss-Ski à 18 ans était un pas important moi et ça
rendait certaines choses plus faciles. Après quelques années en courses FIS et
en Coupe d’Europe, j’ai acquis ma place définitive en Coupe du Monde, en
2023-2024. Durant cette première saison, tout a fonctionné comme sur des
roulettes. Pendant cette période, j’ai pu beaucoup compter sur mes proches.
Cela a également été le cas tout au long de ces derniers mois.
Parle-nous de ton lien avec le ski…
C’est le sentiment de liberté que j’aime vraiment, c’est un feeling que
tu ne peux avoir que si tu le vis à fond. Mon premier souvenir avec les skis au
pied, c’était en vacances avec mes parents et ma sœur. Nous étions souvent sur
les pistes, aussi avec mes amis. J’étais un peu hyperactif, pas un enfant
facile à gérer et ce sport-là me permettait de vraiment m’évader. J’étais du
genre à donner quelques cheveux blancs à mes professeurs (rires). J’ai
aussi connu quelques retenues, ça faisait partie du « package ».
Que retiens-tu de ta période « sport-études » ?
Il y avait beaucoup de nouveautés : partir de la maison, un nouvel
appartement, organisation personnelle, sportive et scolaire différentes etc. Je
me suis très vite responsabilisé et discipliné. Sportivement, je suis arrivé
chez les grands avec mes premières courses FIS. Ce qui rendait tout cela
intéressant c’était que nous avions
les mêmes chances au départ, indépendamment du physique et des attentes
personnelles de chacun. Heureusement, nous nous entendions bien avec les autres
participants.
Pour la partie sport-étude, c’était surtout de l’organisation. En plus
du sport, je devais travailler seul pour pouvoir réussir mon CFC d’employé de
commerce. Pour rajouter d’autres cordes à mon arc, j’ai réussi ma maturité
professionnelle commerciale. Pour te donner un exemple du rythme : S’il y
avait huit leçons avant un test, et que je n’en suivais que deux ou quatre, je
devais évidemment rattraper les autres leçons pour réussir le test. C’était une
période vraiment pleine d’apprentissage, mélangé avec le plaisir que j’avais
d’être sur les lattes.
L’année où j’ai terminé mon CFC avec maturité (2019), j’ai directement
commencé l’université, ponctué par un Bachelor en finances. J’ai toujours vu le
ski et les études à 50/50. Dès que j’ai vu que ça fonctionnait avec le ski,
j’ai considéré les études comme un « plan B ». À ce stade de ma vie,
j’étais en Coupe d’Europe, soit 16-18 courses. En rajoutant les courses FIS,
j’ai pris environ 25 départs dans cette période entre août et mai.
Y a-t-il eu un déclic où tu t’es
dit « Je veux en faire mon métier » ?Honnêtement, le déclic n’est pas encore vraiment arrivé. Je fais
toujours du ski pour le fun. Si on fait du sport comme activité principale, on
a la chance de pouvoir compter sur nos sponsors, pour le côté financier. Je
mets tout en place pour livrer la marchandise, mais ma priorité reste de
prendre du plaisir.
Tu as mis les pieds dans la cour
des grands, c'est là que le jeu commence vraiment ?
Oh tu sais… ma vie n’a pas vraiment changé, la Coupe d’Europe et la
Coupe du Monde sont des compétitions très semblables. Seules les attentes sont
différentes. C’est un rêve d’enfant que je réalise, et j’ai mérité ma place.
Généralement, après la fin de la saison, il y a quelques jours de
pause. Nous reprenons le rythme avec de l’endurance. Ensuite, travaillons
plutôt sur la qualité. Pour moi, le mental est très important. Les
entrainements sont construits dans le but d’être prêts en août, au moment
rechausser les skis.
J’estime que le mental est très important. Il y a une différence claire
entre le Top 10 mondial et le Top 50, et elle se situe dans la tête. Lors des
entraînements, il peut arriver qu’un Top 50 batte un Top 10, mais quand la
compétition arrive… la logique est respectée.
Qu’est-ce qui t’attend pour la
saison 2024-2025 ?
Je me suis blessé au genou au début du mois d’août et la rééducation
s’est bien passée. Je suis prêt à affronter les prochains défis.
Il y a un peu plus d’attente et donc, un peu plus de pression. Tout le
monde est actif autour de nous et attend des résultats. Cela reste une pression
supplémentaire. J’ai beaucoup de plaisir à retrouver la neige, je suis à 100% à
présent. Je dois partir dans le même état d’esprit que la saison précédente.
Je n’ai pas objectif clairement fixé pour les courses de cette saison.
Le but actuellement, c’est de me développer. Je veux rester dans le Top 15
mondial à long terme, mais c’est sûr que je ne vais pas refuser un nouveau
podium.
Question bonus: Parle-nous de ta
première fois à Kitzbühel ?
Ma première fois à Kitzbühel, c’était en Coupe d’Europe en 2019. Nous
nous entrainions sur la première moitié de la piste, je dois dire que c’était
assez impressionnant. Nous courrions en moyenne durant 1’20’’ et on pouvait
être à 100% avec notre niveau d’époque. Lors de mon premier départ j’avais le
dossard 25 et, entre le 1e et le 20e, il y avait déjà
trois hélicoptères, pour récupérer les blessés.
Ensuite, ce fut en Coupe du Monde, avec le public autour. J’ai vraiment
beaucoup de respect pour les skieurs précédents. Je trouve que c’est fou de se
dire que des gens sont au départ de cette course et qu’il ne s’agit de ne pas prendre
des risques inconsidérés. C’est dingue de se dire « J’ai aujourd’hui les
capacités de skier là. »