Arnaud Boisset mérite sa place

 
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27 novembre 2024
 
par Stéphane Ducret. Remerciements à Arnaud Boisset, pour son temps et sa sympathie. Crédit photo: Arnaud Boisset (libre de droit)
Image Arnaud Boisset mérite sa place

La saison de ski 2024-2025 approche et les athlètes sont au bout de leurs préparations respectives. C’est dans ce contexte que nous avons échangé avec Arnaud Boisset, jeune romand de l’équipe nationale de ski alpin. Le skieur bagnard nous a accordé quelques instants en lien avec son passé, son développement et son avenir.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Arnaud Boisset, je suis né à Martigny et ai commencé le ski dans le Val de Bagnes, sur les pistes de Bruson. Au début, le ski, c’était le fun et vraiment un passe-temps que j’avais avec ma famille et mes amis. Au fur et à mesure, cela est devenu de plus en plus professionnel, avec mon arrivée au CNP Ouest, le Centre national de Performances de Brigue (ndlr : Les CNP ou NLZ sont gérés par région, soit centre, est et ouest. Il est le niveau intermédiaire entre l’association régionale (ski-club) et le cadre C de Swiss-Ski).

Mon entrée à Swiss-Ski à 18 ans était un pas important moi et ça rendait certaines choses plus faciles. Après quelques années en courses FIS et en Coupe d’Europe, j’ai acquis ma place définitive en Coupe du Monde, en 2023-2024. Durant cette première saison, tout a fonctionné comme sur des roulettes. Pendant cette période, j’ai pu beaucoup compter sur mes proches. Cela a également été le cas tout au long de ces derniers mois.

Parle-nous de ton lien avec le ski…
C’est le sentiment de liberté que j’aime vraiment, c’est un feeling que tu ne peux avoir que si tu le vis à fond. Mon premier souvenir avec les skis au pied, c’était en vacances avec mes parents et ma sœur. Nous étions souvent sur les pistes, aussi avec mes amis. J’étais un peu hyperactif, pas un enfant facile à gérer et ce sport-là me permettait de vraiment m’évader. J’étais du genre à donner quelques cheveux blancs à mes professeurs (rires). J’ai aussi connu quelques retenues, ça faisait partie du « package ».

Que retiens-tu de ta période « sport-études » ?
Il y avait beaucoup de nouveautés : partir de la maison, un nouvel appartement, organisation personnelle, sportive et scolaire différentes etc. Je me suis très vite responsabilisé et discipliné. Sportivement, je suis arrivé chez les grands avec mes premières courses FIS. Ce qui rendait tout cela intéressant c’était que nous avions les mêmes chances au départ, indépendamment du physique et des attentes personnelles de chacun. Heureusement, nous nous entendions bien avec les autres participants.

Pour la partie sport-étude, c’était surtout de l’organisation. En plus du sport, je devais travailler seul pour pouvoir réussir mon CFC d’employé de commerce. Pour rajouter d’autres cordes à mon arc, j’ai réussi ma maturité professionnelle commerciale. Pour te donner un exemple du rythme : S’il y avait huit leçons avant un test, et que je n’en suivais que deux ou quatre, je devais évidemment rattraper les autres leçons pour réussir le test. C’était une période vraiment pleine d’apprentissage, mélangé avec le plaisir que j’avais d’être sur les lattes.

L’année où j’ai terminé mon CFC avec maturité (2019), j’ai directement commencé l’université, ponctué par un Bachelor en finances. J’ai toujours vu le ski et les études à 50/50. Dès que j’ai vu que ça fonctionnait avec le ski, j’ai considéré les études comme un « plan B ». À ce stade de ma vie, j’étais en Coupe d’Europe, soit 16-18 courses. En rajoutant les courses FIS, j’ai pris environ 25 départs dans cette période entre août et mai.

Y a-t-il eu un déclic où tu t’es dit « Je veux en faire mon métier » ?Honnêtement, le déclic n’est pas encore vraiment arrivé. Je fais toujours du ski pour le fun. Si on fait du sport comme activité principale, on a la chance de pouvoir compter sur nos sponsors, pour le côté financier. Je mets tout en place pour livrer la marchandise, mais ma priorité reste de prendre du plaisir.

Tu as mis les pieds dans la cour des grands, c'est là que le jeu commence vraiment ?
Oh tu sais… ma vie n’a pas vraiment changé, la Coupe d’Europe et la Coupe du Monde sont des compétitions très semblables. Seules les attentes sont différentes. C’est un rêve d’enfant que je réalise, et j’ai mérité ma place.

Généralement, après la fin de la saison, il y a quelques jours de pause. Nous reprenons le rythme avec de l’endurance. Ensuite, travaillons plutôt sur la qualité. Pour moi, le mental est très important. Les entrainements sont construits dans le but d’être prêts en août, au moment rechausser les skis.

J’estime que le mental est très important. Il y a une différence claire entre le Top 10 mondial et le Top 50, et elle se situe dans la tête. Lors des entraînements, il peut arriver qu’un Top 50 batte un Top 10, mais quand la compétition arrive… la logique est respectée.

Qu’est-ce qui t’attend pour la saison 2024-2025 ?
Je me suis blessé au genou au début du mois d’août et la rééducation s’est bien passée. Je suis prêt à affronter les prochains défis.

Il y a un peu plus d’attente et donc, un peu plus de pression. Tout le monde est actif autour de nous et attend des résultats. Cela reste une pression supplémentaire. J’ai beaucoup de plaisir à retrouver la neige, je suis à 100% à présent. Je dois partir dans le même état d’esprit que la saison précédente.

Je n’ai pas objectif clairement fixé pour les courses de cette saison. Le but actuellement, c’est de me développer. Je veux rester dans le Top 15 mondial à long terme, mais c’est sûr que je ne vais pas refuser un nouveau podium.

Question bonus: Parle-nous de ta première fois à Kitzbühel ?
Ma première fois à Kitzbühel, c’était en Coupe d’Europe en 2019. Nous nous entrainions sur la première moitié de la piste, je dois dire que c’était assez impressionnant. Nous courrions en moyenne durant 1’20’’ et on pouvait être à 100% avec notre niveau d’époque. Lors de mon premier départ j’avais le dossard 25 et, entre le 1e et le 20e, il y avait déjà trois hélicoptères, pour récupérer les blessés.

Ensuite, ce fut en Coupe du Monde, avec le public autour. J’ai vraiment beaucoup de respect pour les skieurs précédents. Je trouve que c’est fou de se dire que des gens sont au départ de cette course et qu’il ne s’agit de ne pas prendre des risques inconsidérés. C’est dingue de se dire « J’ai aujourd’hui les capacités de skier là. »

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