Rita Ducret-Costa est pharmacienne diplômée de
l’université de Bologna (I), spécialiste en nutrition, homéopathie et
ex-rédactrice en Chef. Elle a publié plus de 1500 articles en français,
allemand et italien.
Qui n’est pas personnellement
concerné ou n’a pas, parmi ses proches des personnes gênées par le rhume des
foins ? Pratiquement 20% de la population suisse souffre aujourd’hui d’une
allergie au pollen alors que le rhume des foins était pratiquement inconnu dans
notre pays il y a cent ans(1). Être sujet à ces allergies n’est pas
agréable, surtout si vous êtes adepte de loisirs ou sport en plein air.
Rita, peux-tu nous expliquer
ce qu’est une allergie au pollen ?
En fait, l’allergie est due à une
réaction excessive de notre système immunitaire. Dans ce cas, le pollen est
ressenti comme allergène.
Quel est son mécanisme
d’action ?
Lors d’un premier contact avec un
allergène, notre organisme réagit en produisant des anticorps spécifiques et
les conserve. A ce stade, aucun symptôme n’est ressenti. Au deuxième contact,
cela se complique et les troubles commencent. Les anticorps sont réactivés et
s’associent à des cellules immunitaires ayant pour conséquences une libération
rapide d’histamine. Cette molécule inflammatoire est responsable de
manifestations allergiques.
Peux-tu nous citer quelques
allergènes responsables du rhume des foins ainsi que la période durant laquelle
ceux-ci 'sévissent’ ?
Le bouleau, l’aulne, le noisetier
et les graminées sont, parmi d’autres, souvent cités. En plus de l’héritage
génétique, le changement climatique facilite la propagation d’espèces très
allergisantes telles que l’ambroisie mais a aussi, comme conséquence un début
plus précoce et une intensité accrue de la saison pollinique.
Quelles sont les principales
manifestations du rhume des foins ?
Le nez en prend un bon coup !
Le nez coule, Il y a des démangeaisons et des éternuements. Les yeux
irrités, ou qui larmoient, font partie des désagréments lors du rhume des foins. Il y a
aussi des personnes qui souffrent d’asthmes allergiques pouvant provoquer des
difficultés respiratoires parfois graves. Cela peut aussi provoquer de la
fatigue et des troubles cutanées.
À
t’entendre, je conclue qu’il vaut mieux éviter totalement les pollens ?
Je crois savoir qu’étant toi-même
allergique depuis des décennies, tu sais très bien qu’il est impossible
d’éviter totalement les pollens !
Quels conseils pratiques
peux-tu donner pour les éviter ?
Pour limiter les symptômes énumérés
ci-dessus, et à défaut de pouvoir éviter totalement les pollens, il faut
essayer de réduire autant se peut le contact avec ceux-ci. A titre d’exemple, privilégiez
les activités ou le sport en plein air lors de journées pluvieuses ou sans
vent. Après votre retour à la maison, lavez vos cheveux et utilisez une
solution saline pour purifier vos cheveux et votre nez. Essayez de laisser au
maximum possible les fenêtres fermées.
Est-il indispensable recourir
à un traitement médicamenteux ?
Il est rare de pouvoir supprimer
tous les symptômes et un traitement médicamenteux s’avère très souvent
nécessaire, voire une désensibilisation.
Lesquels
Quel traitement médicamenteux recommandes-tu ?
Je recommande personnellement en
premier choix les antihistaminiques. Contrairement aux premières générations qui
avaient de effets secondaires très gênants, notamment au niveau de la somnolence
et de la fatigue, les antihistaminiques de dernière génération n’engendrent
pratiquement plus d’effets indésirables et ce aussi, sur le plan de la sédation.
En outre, ils ont une longue durée d’action avec comme avantage une seule prise
quotidienne. Demandez conseil à votre médecin ou pharmacien.
« Il n’y a pas de produits masquants, seulement des ordonnances masquantes. » Philippe Gaumont (1973-2013), ancien cycliste professionnel et auteur de Prisonnier du dopage
Tu n’évoques pas les
corticoïdes, notamment les sprays nasaux ?
Ils sont très utiles et
efficaces. Cependant, il est préférable de demander conseil à un spécialiste,
en l’occurrence votre médecin ou pharmacien qui
vous guidera vers le choix le plus approprié selon votre cas. A ce propos, je
mets en garde les sportives et sportifs concernant le dopage et ses contrôles. Je
vous conseille de consulter la liste des interdictions 2025 publiés par swissport
integrity(2).
Peux-tu nous en dire un peu
plus ?
Ce domaine est vaste, complexe et
peut porter à confusion. Il y a des produits dont la substance active est
considérée différemment selon sa voie d’administration. Ils sont interdits par
voie intraveineuse, intramusculaire ou orale mais sont admis par voie nasale,
dermatologique et ophtalmologique. Cependant, ne pas figurer sur la liste des
produits interdits n’est pas une garantie. Pourquoi ? Certains d’entre eux
ne figurant pas sur la liste des interdictions peuvent dans certains cas
induire une réaction positive lors des tests pratiqués lors de contrôle
antidopage. Veillez aussi à bien respecter la posologie.
Mais alors, se référer à la
liste des interdictions publiées pas swiss sport integrity ne suffit pas ?
Je vous recommande de visiter son
site(3) très bien documenté mais vous conseille vivement de vous
référer à un spécialiste compétent maitrisant cet aspect très sensible (un
médecin spécialisé dans le sport) dans le but d’éviter une éventuelle mauvaise
surprise. Il est important de répéter que les règles antidopages sont soumises
au principe de la 'Strict Liability’. Concrètement, chaque athlète est seul
responsable des substances présentes dans ses échantillons, quel que soit son
niveau de performance. Voilà une belle responsabilité.
(1) swiss academies facsheets (No 1/2024)
(2) liste des interdictions 2025 https://www.sportintegrity.ch/fr/antidopage/droit/liste-des-interdictions
(3) https://www.sportintegrity.ch/frp