S’il est un sport
nord-américain iconique, c’est bien le baseball. Home run (ou coup de circuit),
base, lanceur, receveur, ce sont des termes bien connus des amateurs de ce
sport. C’est lors d’un match de play-offs de 2e division suisse, sur
son terrain de Chavannes-près-Renens, que Sport Friendly Community a rencontré Graziano
Conti Rossini, le Président des Lausanne Indians. La formation vaudoise est
seule romande à évoluer dans cette catégorie de la SBSF (Swiss Baseball &
Softball Federation). Au menu : rétrospective de la saison 2025, objectifs
à long terme, et contexte du baseball en Suisse et en Suisse romande.
Graziano, merci beaucoup
de nous accorder du temps. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Graziano Coni
Rossini, je suis Président des Lausanne Indians, depuis 2020 et actif au club
depuis 2018. J’ai entraîné des jeunes et des adultes. En complément, je coache
toujours volontiers dans notre équipe de softball-slowpitch mixte (ndlr :
variante du baseball).
Qui sont les Lausanne
Indians ?
Le club existe lui-même
depuis 1990. Durant plusieurs années, nous avons participé à la Ligue Suisse
Romande de Baseball. Nous avons également évolué dans les trois premières
divisions de la ligue suisse (1ère ligue, LNB et LNA). Actuellement,
nous jouons en LNB et en 1ère ligue (groupe Ouest) et notre équipe
de softball-slowpitch évolue en championnat suisse. Notre équipe junior – en
collaboration avec les Martigny Minotaures et les Bulle Red Sox – joue en
catégorie M15.
Vous êtes seuls les Romands
dans les deux premières divisions. Comment cela se passe avec vos adversaires
d’outre-Sarine ?
Le milieu est très
anglophone, mais la barrière de la langue existe. Certaines rivalités existent
et il y a des équipes avec lesquelles on s’entend bien. La majeure partie du
temps, cela se passe très bien. Il n’y a pas d’incidents. Nous restons des
structures amateures.
Et avec les autres
formations romandes ?
La coopération avec Martigny
existe depuis plusieurs années, les comités et les joueurs des différents clubs
se connaissent. Il y a seulement les Genève Dragons qui s’en sortent
indépendamment. Ils ont un très grand bassin de population, une centaine de
licenciés sauf erreur. Globalement, nous nous entendons très bien avec toutes
les autres équipes.
Nous vivons beaucoup de
défis (accueil spectateurs, entrainements, nombre d’inscrits chez les jeunes). Cela
prend du temps et de l’argent, nous ne pouvons pas faire tout d’un coup.
La saison 2025 est en
train de se terminer. Quelle rétrospective fais-tu des activités du club ?
Cette saison était très
centrée sur notre équipe de Ligue B. Il y a beaucoup de joueurs de 3e
division qui l’ont intégrée et nous voulions les développer. Notre arrivée en
play-offs traduit son bon parcours. La saison a été un peu plus
compliquée pour notre formation de 1ère ligue (dernière du
championnat).
Nous avons eu une bonne
saison de nos U15. Ils ont intégré la ligue de développement, avec quelques
débutants. Il y a eu des matchs serrés avec beaucoup de victoires. À la
conclusion, ils n’ont pas accédé aux play-offs, mais ils étaient suffisamment
bien placés et j’en suis très satisfait. Mon entière reconnaissance va au coach
pour ces jeunes.
Tu vis ta cinquième année
comme Président. Comment vois-tu l’avenir de ton club ?
Lorsque j’ai commencé comme
Président, j’avais une vision, un plan. C’était d’avoir une équipe stable en
première division. Dans tous les cas, il fallait travailler sur le fond, la
structure, la formation, nos juniors etc… et c’est sur cela que nous mettons
l’accent avec notre comité. En Romandie, nous sommes la structure la plus
importante pour les adultes. Nous voulons que les joueurs passent de bonnes
saisons, qu’ils prennent du plaisir au jeu. Cela doit venir de l’équipe. À long
terme, nous voulons avoir une équipe forte en LNB et atteindre une certaine
stabilité en LNA.
Que constates-tu sur
l’évolution des Lausanne Indians, depuis ton arrivée ?
Selon moi, il y a eu une
claire évolution positive. Jusqu’à aujourd’hui, le comité faisait un très bon
travail pour les activités quotidiennes. Il y avait toutefois peu de ressources
pour améliorer notre structure (matériel, infrastructures). Nous n’avons pas
augmenté notre nombre de juniors, mais la structure est plus saine. Il y a un
coach dédié aux juniors et un autre spécifique pour notre équipe de Ligue B.
Actuellement, je n’ai eu que des retours positifs de l’intérieur et de
l’extérieur du club.
Quels sont les défis
actuels que le baseball suisse connait ?
Je vois plusieurs défis. D’une
part, il y a très peu de terrains dans notre pays. Typiquement, Zürich se
partage un terrain pour quatre équipes, leurs jeunes etc. Genève – de son côté
– a perdu son terrain, au profit du football. Ils partagent leur surface de jeu
avec une équipe de cricket, mais ce dernier n’est pas homologué pour les matchs.
Chacun a ses propres combats logistiques.
D’autre part, il y a peu de
licenciés en Suisse (ndlr : officiellement « près de 1’000
licenciés » selon le site de la SBSF). Nous nous montrons dès que
possible, afin de faire connaitre notre sport. Nous participons notamment à la
Semaine olympique, organisée par le Musée olympique. En cela, la Ville de
Lausanne aide beaucoup les sports « sous les radars ».
Aussi, il y a les à-côtés. Nous
sommes constamment à la recherche de bénévoles, d’arbitres, et de personnel pour
aider à la bonne tenue des matchs. Si tu n’as pas d’arbitres, tu ne peux pas
jouer. Les clubs ont des obligations envers la fédération et c’est un effort
permanent des clubs de trouver du monde.
Question bonus : À quel
point est-ce que c’est difficile de trouver sa place entre le Lausanne Hockey
Club, le Lausanne Sport, le Stade Lausanne-Ouchy ? Vous partagez également
les terrains de Chavannes avec beaucoup d’autres structures, notamment du
football américain.
Je pense que nous sommes à
notre place. Nous restons un club amateur. Les grands clubs professionnels des autres
sports ne nous font pas de l’ombre, car nous n’évoluons pas dans les mêmes
circonstances. Les personnes qui nous rejoignent viennent pour le plaisir et
par passion, par intérêt pour le sport etc…
Le fait que nous soyons le
seul club de baseball du canton aide à être vu. La cohabitation avec les autres
clubs qui exploitent les terrains ici, se passe généralement très bien. Nous
trouvons toujours des solutions, dans l’intérêt de chacun.
Un dernier mot ?
Je vois beaucoup de choses
dans l’évolution de notre sport. Il y a souvent des obstacles à ce que l’on
veut mettre en place. J’essaie toujours de peser le pour et le contre et nous
faisons avancer les choses. Evidemment, je suis très content de pouvoir
partager sur le baseball, qui est une passion pour nous tous. Nous avons besoin
de faire connaitre le sport, et je suis reconnaissant d’avoir pu le faire
aujourd’hui.
Le 16 août, soit le jour
de l’entrevue, les Vaudois affrontaient les Sissach Frogs, pour le titre de
Ligue nationale B. Il s’agissait du match 1 d’une série au meilleur des 3
parties. Au compte final, les Indians se sont imposés 5-12. La saison 2025 de
LNB des Vaudois s’est terminée le 23 août à Sissach.